Tofino’s Not-So-Hidden Hot Springs

Les sources thermales de Tofino, un endroit idéal pour la détente – si vous choisissez le bon moment.

Les sources thermales de Tofino, un endroit idéal pour la détente – si vous choisissez le bon moment.


Photo ci-dessus : Les sources thermales de Tofino, un endroit idéal pour la détente – si vous choisissez le bon moment.

Raconté par  Jesse Hirsch; photos de Xavier Giard Lachaine

Jesse Hirsch est rédacteur pour Pursuits, de même que pour le magazine GOOD de Los Angeles. Il demeure à Brooklyn, où il rédige des textes sur l'alimentation, l'agriculture et les voyages. Xavier Girard Lachaine est un photographe qui a des activités à New York, Montréal et Tokyo, où il habite maintenant.  Vous pouvez voir ses œuvres sur son site Web et sur Instagram.

C'est une excursion amusante dans un important lieu touristique canadien, mais ne vous attendez pas à y trouver solitude et tranquillité.

Il existe une certaine approche en matière de voyages, le style chic de 2017, qui met en valeur la notion de « secret » avant toute chose. Pourquoi visiter Times Square ou le palais de Buckingham lorsque vous pouvez, par exemple, jouer au badminton à Bali avec des moines ermites, ou encore descendre une rivière de vin souterraine, en radeau pneumatique? (J'ignore si les moines jouent au badminton; quant aux rivières de vin, il est probable qu'elles n'existent pas. Mais je maintiens mon point de vue.) Voyageurs des temps modernes, nous ne voulons pas emprunter les chemins déjà tracés; nous avons besoin d'imaginer que nous ne sommes pas des touristes.

Je comprends. Quand je demeurais à San Francisco, j'étais estomaqué de voir que des gens préféraient se joindre à des excursions bondées pour visiter Alcatraz plutôt que de visiter l'étrange Musée Mécanique ou de se joindre aux coyotes de Glen Park Canyon. Prenez le temps de vivre! Le but d'un voyage n'est-il pas d'augmenter notre bagage de connaissances, de sortir de notre zone de confort, de revenir chez soi en étant différent de ce qu'on était avant de partir. Je n'ai jamais compris l'attrait du tourisme sécuritaire et édulcoré.

Lors d'un récent voyage dans la ville de Tofino en Colombie-Britannique, j'ai été séduit par la promesse de « sources thermales cachées », un soi-disant secret local que peu de gens connaissent hors de la ville. Il y a quelques années, une journaliste du quotidien canadien The Globe &and Mail a écrit une ode échevelée sur ces sources thermales, qui sont éloignées et difficiles d'accès. « Je suis allée cent fois à Tofino et pourtant je n'ai jamais visité l'anse Hot Springs », écrit-elle avec un relent d'incrédulité. « Je me sens à des kilomètres du bruit incessant de la vie urbaine ».

Oui, de grâce. C'est ce que je veux! Amenez-moi là où personne ne va. (Alerte au rabat-joie : tout le monde y va.)

Le premier indice indiquant que les sources thermales ne sont pas hors des sentiers battus, je l'ai perçu lorsque j'ai commencé à poser, en sourdine, des questions aux gens de la place : « Pardon, avez-vous entendu parler de certaines « sources thermales » cachées quelque part... » Tous m'ont interrompue pour me parler de toutes les compagnies aériennes et maritimes qui amènent chaque jour des touristes aux sources thermales. Il y en a même un qui m'a remis une étincelante brochure, annonçant divers forfaits concernant les sources thermales. Est-ce qu'on distribue des brochures pour annoncer un secret? Hum.

Pour vivre une expérience holistique, j'ai choisi un double forfait : aérien et maritime  auprès de Jamie's Whaling Station et de Tofino Air. Il s'agit d'un forfait d'une demi-journée – le déplacement en bateau prend plus d'une heure, selon le nombre de baleines, de loutres, d'aigles et d'ours que vous rencontrez en chemin (sans compter les arrêts pour les prises de photos). Quelques heures plus tard, vous arrivez au quai et montez dans un hydravion pour un vol de courte durée mais impressionnant vers Tofino.

Pour ma première visite des sources thermales, j'ai choisi un départ au milieu de l'avant-midi. J'ai été coincé dans un bateau rempli de familles qui s'extasiaient à la vue impressionnante des rives et s'esclaffaient chaque fois que le capitaine faisait des blagues à propos des baleines. Quand nous sommes arrivés au débarcadère, il y avait plus d'une dizaine de bateaux qui faisaient leur plein de passagers. Ce matin-là, une école de jeunes garçons chinois avait organisé une visite; les adolescents étaient nombreux. Ça hurlait, ça se bousculait, d'autres se courraient après – il y avait même un groupe qui dansait (péniblement) le rap sur une musique de « Hamilton ».

Au bord des sources thermales, les nombreux touristes formaient un mur; dans le bassin de natation qui dégageait une odeur de soufre, on pouvait voir des nageurs à perte de vue. Il fallait se frayer un chemin à travers la foule des adolescents pour se dénicher un mince espace près des sources. Le seul endroit isolé que j'ai pu trouver était libre pour une bonne raison : il était trop près de la source. J'ai senti une brûlure dès que j'ai mis un orteil dans les eaux thermales. Un matin où le ciel était couvert, j'ai fini par m'asseoir sur un rocher pour lire près de ce feu liquide, me laissant simplement réchauffer par un soupçon de vapeur. Le point culminant de la journée fut le retour en avion. D'abord parce que je quittais cet endroit et aussi à cause du magnifique coup d'œil sur la côte.

Me fiant à une suggestion, je suis retourné aux sources thermales. Jamie's offre des navettes matinales en saison estivale, alors qu'il y a moins de visiteurs (les visites ont lieu toute l'année). Et si vous évitez de prendre l'avion, le trajet aller-retour vous fait économiser 50 dollars canadiens. Lors de ma seconde visite aux sources, nous n'étions que quatre passagers : moi-même, le photographe et un couple de l'Alberta, d'une discrétion exemplaire. Cette excursion me fit découvrir à quel point sont agréables les endroits secrets.

En montant dans le bateau, nous étions les seuls à profiter de la tranquillité du matin. J'ai quitté le groupe et je me suis engagé sur le trottoir de bois entre la rive et les sources (une marche de 20 à 30 minutes). On n'entendait que le bruissement de la faune et le gazouillis des oiseaux. On pouvait voir sur les planches du trottoir des inscriptions gravées, souvenirs de visites antérieures, ainsi que des propositions de mariage et des fanfaronnades amusantes (selon le « règlement du basket-ball de la région de Victoria », apparemment). J'éprouvais un sentiment de solitude, sur un sentier emprunté jadis par de nombreux visiteurs.

 

En arrivant, j'avais au moins une heure devant moi; le couple s'était engagé dans une promenade romantique, pendant que le photographe s'était aventuré dans le bois à la recherche de nouveaux points de vue. Ce qui me permettait d'examiner de plus près les bassins. Au plus haut niveau se trouvaient les bassins brûlants, merveilleux à observer, mais trop chauds pour ma peau tendre. (La température moyenne de l'eau émergeant du sol était de 26 degrés Celsius). Mais près de plusieurs cascades modérées se trouvait la paix que je cherchais : des bassins calmes, tempérés, qui semblaient adaptés à une détente maximale.

Des vapeurs sulfureuses, passablement chaudes mais plaisantes, émanaient des eaux. On pouvait voir, à peu de distance, les eaux de l'océan frapper les rochers en contrebas. Je m'imaginais voir les chiens sauvages de la région, théoriquement inoffensifs – si on se fie aux enseignes – mais enclins à s'emparer de la nourriture des touristes. Un instant, je me suis même perdu dans mes pensées (et j'ai continué à somnoler pendant le trajet de retour en bateau, au grand amusement de mon photographe).

Plus tard ce jour-là, je me suis mis à réfléchir à l'énigme du voyageur moderne. Vous cherchez le sentier inexploré, mais il reste peu d'endroits secrets. Et à la suite d'un article comme celui du Globe and &Mail (ou du présent article, incidemment) il est de plus en plus difficile de trouver le joyau caché. Et pourtant, avec quelques conseils judicieux – p. ex. prendre le bateau tôt le matin – vous pouvez prétendre être un pionnier en excursion, là où personne n'a jamais fait de rap ni de lutte.

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