Le quartier Corktown de DĂ©troit en pleine revitalisation

Corktown

EmblĂšme de Corktown.


Article et photos par Alicia Kennedy

RĂ©sidente de Brooklyn, Alicia Kennedy est une chroniqueuse culinaire et de tourisme passionnĂ©e qui adore Ă©crire sur une foule de sujets, des recettes en passant par les conversations fascinantes qu’elle entretient avec des personnes surprenantes. Pour en savoir plus, visitez son blogue et suivez-la sur Facebook et Instagram.

La scÚne gastronomique et culturelle fleurit pour combler le vide laissé par la perte du stade.

MĂȘme en descendant l’autoroute en direction de la zone mĂ©tropolitaine, le Michigan regorge de paysages luxuriants et verdoyants, parsemĂ©s de fleurs et de hautes herbes; le contraste avec la ville de New York d’oĂč je suis partie est indĂ©niable. MalgrĂ© le fait que la ville de DĂ©troit est constituĂ©e de quartiers distincts rĂ©partis sur un vaste territoire, vous constaterez qu’elle possĂšde aussi de grands espaces verts une fois que vous vous trouverez dans son plus vieux quartier : Corktown.

Ce quartier, dont les lampadaires sont ornĂ©s d’affiches indiquant l’annĂ©e de sa fondation, soit 1834, est situĂ© Ă  l’ouest du centre-ville de DĂ©troit, oĂč une rangĂ©e de structures de briques surplombĂ©es par d’imposants Ă©difices argentĂ©s fait office de rue principale sur Michigan Avenue. Le nom Corktown vient du grand nombre de colons irlandais originaires du comtĂ© de Cork qui ont immigrĂ© dans la rĂ©gion Ă  la suite de la Grande Famine en Irlande. Autrefois, le quartier Ă©tait reconnu pour son Tiger Stadium, qui a dĂ©mĂ©nagĂ© en 1999 et a Ă©tĂ© dĂ©moli 10 ans plus tard, et ses bars avoisinants.

Toutefois, l’on a annoncĂ© en fĂ©vrier 2016 que la Detroit Police Athletic League amĂ©nagerait Ă  Corktown ses nouveaux bureaux administratifs et nouvelles installations pour les jeunes. Cette annonce est survenue aprĂšs le dĂ©but de la revitalisation culturelle de Corktown. Depuis que le restaurant Slows Bar BQ a osĂ© faire son ouverture en 2005 et Ă  la suite de l’incroyable succĂšs que celui-ci a connu, un nombre sans cesse grandissant de restaurants, boutiques, salles de concert et galeries d’art ont choisi de s’implanter dans le quartier.

MalgrĂ© l’arrivĂ©e d’une foule de nouvelles entreprises, Corktown demeure un endroit paisible, dĂ©finit tant par ses jolies habitations rĂ©sidentielles que l’engagement de ses rĂ©sidents Ă  ce que leur quartier soit Ă  la fois une destination touristique de choix et un endroit oĂč il fait bon vivre.

Si vous visitez Corktown, ne manquez pas de sĂ©journer Ă  l’hĂŽtel Trumbull & Porter, qui vient tout juste d’ĂȘtre rĂ©novĂ©. Autrefois un Holiday Inn avant de devenir le Corktown Inn – dont la rĂ©putation d’hĂŽtel miteux n’était plus Ă  faire – l’hĂŽtel fraĂźchement rĂ©novĂ© offre des chambres blanches et lumineuses tout Ă  fait contemporaines et minimalistes, et dĂ©corĂ©es d’Ɠuvres d’art produites par des artistes locaux. Une gigantesque murale, rĂ©alisĂ©e par l’artiste Don Kilpatrick, ne manque pas de capter les regards. Elle illustre un homme bien vĂȘtu qui se tient debout face Ă  un trou d’homme dĂ©gageant de la vapeur, et on peut y lire une citation du poĂšte de DĂ©troit David Blair, « I stay, even when I go » (J’y suis toujours, mĂȘme quand je m’éloigne), qui est une maniĂšre de dire que la ville devient une partie de vous. Il est possible de louer des vĂ©los auprĂšs de la boutique locale Detroit Bikes, et du cafĂ© torrĂ©fiĂ© localement vous est offert dans le hall d’entrĂ©e.

L’hîtel Trumbull & Porter.

L’hĂŽtel reprĂ©sente un juste hommage Ă  l’esprit de renouveau qui a gagnĂ© le quartier. Sa grande structure rĂ©novĂ©e se situe tout prĂšs de restaurants tels que Le Petit Zinc et Mudgie’s Deli; il suffit de traverser la rue depuis Batch Brewing pour s’y rendre. Vous trouverez aussi Ă  quelques coins de rue de lĂ  un disquaire indĂ©pendant ainsi qu’une librairie. Juste Ă  cĂŽtĂ©, le centre jeunesse Detroit Hispanic Development Center permet aux jeunes de la communautĂ© d’apprendre Ă  construire des robots, peindre des graffitis et gĂ©rer un cafĂ©. C’est le point de dĂ©part idĂ©al pour vivre pleinement l’épanouissement de la ville.

OĂč manger

Corktown a de quoi rassasier tous les appĂ©tits. Du calme paisible de la crĂȘperie française Le Petit Zinc en passant par le renommĂ© Mudgie’s Deli et le restaurant thaĂŻlandais Thai of Katoi, il y a presque trop d’options Ă  essayer dans ce petit quartier.

Commencez par Le Petit Zinc pour goĂ»ter aux crĂȘpes, qui peuvent ĂȘtre prĂ©parĂ©es en version vĂ©gĂ©tarienne ou sans gluten. Vous y trouverez Ă©galement un jardin isolĂ© rempli de fleurs, de quoi vous faire oublier que vous ĂȘtes en ville. Native de DĂ©troit, Karima Sorel a passĂ© plusieurs annĂ©es Ă  gĂ©rer des restaurants au BrĂ©sil et Ă  New York avant de retourner vivre dans sa ville natale en 2009. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, sa famille avait achetĂ© l’immeuble oĂč Le Petit Zinc est situĂ© pour y dĂ©mĂ©nager les activitĂ©s du Michigan Citizen, le journal dont elle Ă©tait responsable. Comme ces installations ne prenaient que la moitiĂ© de l’espace, sa famille a alors eu l’idĂ©e d’inviter Karima Ă  revenir pour y ouvrir un cafĂ©. À l’époque, le seul endroit qui Ă©tait en activitĂ© Ă©tait le Slows, le Mudgie’s venant tout juste d’ouvrir. Leur partenaire, Scott Rutterbush, m’a confiĂ© qu’ils souhaitaient crĂ©er un endroit « sans aucune prĂ©tention, qui serait Ă  la fois sophistiquĂ© et accessible », car il n’y en avait pas Ă  ce moment-lĂ .

« Pendant un certain temps, le dĂ©veloppement Ă©tait au ralenti et il ne se passait pas grand-chose », explique M. Rutterbush. Il mentionne Ă©galement que le dĂ©mĂ©nagement du Tiger Stadium a eu pour effet de dĂ©placer de nombreuses activitĂ©s Ă  l’extĂ©rieur de Corktown. Toutefois, au fur et Ă  mesure de l’intĂ©rĂȘt grandissant pour habiter en ville, Corktown s’est dĂ©marquĂ© comme quartier rĂ©sidentiel de choix. « Ce n’est pas le centre-ville, mais il y a des entreprises qui prospĂšrent, il y a de l’effervescence », dit-il. « Donc, vous pouvez venir ici et avoir l’impression de passer du temps en dehors de la ville, mais vous y ĂȘtes toujours .»

On le sent particuliĂšrement enthousiaste lorsqu’il parle de toutes ces nouvelles ouvertures, que ce soit des restaurants, des distilleries ou des brasseries, et du quartier qui prend de plus en plus sa place. « C’est ce qui rend DĂ©troit vraiment unique aujourd’hui. Il y a toutes ces entreprises de travail manuel qui sont animĂ©es par ce que j’aime appeler une grande force de caractĂšre », explique-t-il.

M. Rutterbush croit que vous serez incapable de trouver un Ă©tablissement de chaĂźne de restaurants Ă  Corktown. « À Corktown, toutes les entreprises sont indĂ©pendantes et exploitĂ©es par des gens qui savent croire en leurs moyens et dire “On va crĂ©er une entreprise, et on va rĂ©ussir” », ajoute ce passionnĂ© du quartier.

L’un des exemples les plus remarquables de la force de caractĂšre Ă©voquĂ©e par M. Rutterbush est le Katoi, qui trĂŽne au sommet des restaurants incontournables du quartier. L’équipe de trois qui est responsable de son exploitation l’appelle le « vaisseau mĂšre », et vous avez effectivement l’impression de pĂ©nĂ©trer dans un autre univers lorsque vous franchissez les portes de la discrĂšte bĂątisse blanche, un peu plus loin sur Michigan Avenue par rapport Ă  la bande historique. Tout a commencĂ© il y a plus de deux ans, alors que le trio servait des repas depuis un camion de cuisine de rue, dans le stationnement de la distillerie Two James situĂ©e tout prĂšs. « Ils nous disaient, si vous avez un camion, vous pourrez assurer le volet alimentaire », m’explique Courtney Henriette, directrice de l’expĂ©rience et des sensations du restaurant, autour d’un cafĂ© chez Astro. « Nous n’avions pas de plan d’affaires, nous nous contentions de servir le repas du soir cinq fois par semaine. C’était trĂšs chaotique, nous ramenions la vaisselle Ă  la maison chaque soir pour la laver », raconte-t-elle. « Ça ne faisait ni queue ni tĂȘte, mais mon ami, celui qui avait achetĂ© la bĂątisse, m’a suggĂ©rĂ© de profiter de cette lancĂ©e fulgurante pour transporter l’enthousiasme pour Katoi de l’autre cĂŽtĂ© de la rue, [en face de Two James]. » C’est ainsi que le vaisseau mĂšre a vu le jour.

Le restaurant Katoi a ouvert ses portes au public en mars 2016. Le chef Brad Greenhill y sert ses propres versions de plats thaĂŻlandais, comme la salade de tofu et les sautĂ©s de nouilles, le tout dans une ambiance futuriste et colorĂ©e oĂč le plaisir est toujours au rendez-vous. Les cocktails sont Ă©galement des incontournables, dont certains comme le Promises in Vortex viennent en fĂ»t. Ce dernier est concoctĂ© Ă  partir de tequila infusĂ©e Ă  la coriandre et d’un sirop simple Ă  saveur de chili thaĂŻ.

« Si je devais nommer une chose pour laquelle DĂ©troit est si extraordinaire, ce serait la communautĂ© que nous sommes parvenus Ă  bĂątir », affirme Mme Henriette. « Pour plusieurs raisons, l’un des aspects du quartier que j’apprĂ©cie particuliĂšrement est la prĂ©sence de nombreuses petites entreprises possĂ©dĂ©es par des personnes intĂšgres. » Au fur et Ă  mesure de votre parcours d’un restaurant, d’un bar et d’une boutique Ă  l’autre Ă  Corktown, le sentiment de communautĂ© devient palpable.

OĂč boire

Si l’on peut dire que Corktown, Ă  titre d’ancienne terre d’accueil du Tiger Stadium, a cimentĂ© sa rĂ©putation de quartier par excellence en matiĂšre d’alcool, celle-ci est pleinement mĂ©ritĂ©e. Vous trouverez toujours quelques pubs irlandais et bars sportifs autour du site de l’ancien terrain de baseball maintenant dĂ©moli, mais Corktown tire vĂ©ritablement son Ă©pingle du jeu avec sa scĂšne de cocktails, de spiritueux et de biĂšres de fabrication artisanale. Ne manquez pas de savourer ces libations crĂ©atives!

Tout a commencĂ© au bar Sugar House. D’aprĂšs son propriĂ©taire, Dave Kwiatkowski, la demande Ă©tait forte pour un bar Ă  cocktails d’un calibre qui n’aurait rien Ă  envier Ă  ce que les autres grandes villes du monde considĂšrent aujourd’hui comme la norme en la matiĂšre. C’est ainsi que le bar ouvrait ses portes pour la premiĂšre fois en octobre 2011. Celui-ci fĂȘtera bientĂŽt son cinquiĂšme anniversaire. Chaque saison, ses affichages changent afin de reflĂ©ter la cuisine nouvellement au menu. Jason Leinart, qui a d’abord Ă©tĂ© embauchĂ© il y a deux ans comme assistant-barman pour Ă©ventuellement devenir gĂ©rant, explique que tant pour le DĂ©troit mĂ©tropolitain que l’ensemble de sa pĂ©riphĂ©rie, « Sugar House a jouĂ© un rĂŽle Ă©ducatif auprĂšs de la population et au fil du temps, les goĂ»ts et les prĂ©fĂ©rences des gens se sont sophistiquĂ©s ». S’il est vrai que c’est le seul bar des environs qui soit consacrĂ© Ă  l’art du cocktail, le succĂšs de Sugar House a fait en sorte que l’on considĂšre maintenant qu’avoir un plan qui encadre les activitĂ©s de bar est une dĂ©cision d’affaires nĂ©cessaire.

Le menu est composĂ© d’une base de cocktails classiques issus principalement des pĂ©riodes avant et pendant la Prohibition, ainsi que d’une sĂ©lection en rotation de cocktails saisonniers. En saison chaude, le bar sert des cocktails Tiki. En effet, M. Leinart explique que comme DĂ©troit ne possĂšde pas de bar Ă  rhum, Sugar House « permet aux gens de se familiariser avec le concept ». Un autre menu saisonnier s’est rĂ©cemment inspirĂ© des films de Bill Murray, car ils ne souhaitent pas ĂȘtre perçus comme l’un de ces bars de mixologie oĂč vous risquez de vous faire regarder de travers par les barmans. Sans prĂ©tention aucune, Sugar House met l’accent sur la qualitĂ© et le plaisir.

 

Ce souci de la qualitĂ© est mis en Ă©vidence dans les spiritueux de la distillerie Two James. SituĂ©e non loin, il s’agit de la premiĂšre distillerie autorisĂ©e Ă  voir le jour depuis la fin de la Prohibition. Elle Ă©labore ses spiritueux en petites quantitĂ©s, du gin, de la vodka et du bourbon en passant par le whisky et l’absinthe, et choisit de mettre Ă  l’avant-plan l’abondance des produits agricoles du Michigan en utilisant des ingrĂ©dients de source locale. Bien que la distillerie n’ait ouvert ses portes qu’en 2013, elle fait dĂ©jĂ  partie intĂ©grante de Corktown du fait que l’on retrouve ses spiritueux dans les menus de cocktails du quartier. En plus, elle possĂšde un coin dĂ©gustation chaleureux qui s’avĂšre l’endroit idĂ©al pour goĂ»ter tous leurs produits, dans le cadre d’une dĂ©gustation ou encore en commandant leurs cocktails maison. Enfin, une visite guidĂ©e des lieux constitue un excellent moyen de passer un aprĂšs-midi.

 

Si vous prĂ©fĂ©rez la biĂšre, vous devez absolument passer par la brasserie Batch Brewing. La terrasse extĂ©rieure est l’endroit idĂ©al pour dĂ©guster une biĂšre d’aprĂšs-midi et le menu a de quoi satisfaire tous les goĂ»ts. Que vous souhaitiez boire une IPA amĂšre, fruitĂ©e ou « saison », il est possible d’accompagner celle-ci d’un de leurs produits alimentaires faits maison (les bretzels mous servis avec de la moutarde trĂšs Ă©picĂ©e valent particuliĂšrement le dĂ©tour). Pour les amateurs de vin, Corktown propose Ă©galement le Motor City Wine, un Ă©tablissement oĂč vous pouvez siroter quelques coupes Ă  l’extĂ©rieur tout en savourant fromages et charcuteries.

Pour un quartier qui a accueilli son tout premier bar consacrĂ© Ă  l’art du cocktail il y a tout juste cinq ans, Corktown s’est sans contredit taillĂ© une rĂ©putation de destination oĂč il fait bon boire, et ce, quel que soit votre poison de prĂ©dilection.

 

Culture

S’il est vrai que tout quartier qui se respecte se doit d’offrir un certain nombre d’établissements oĂč manger et boire, le plein Ă©panouissement d’une culture ne peut dĂ©pendre uniquement de ces derniers. Heureusement, Corktown compte Ă©galement plusieurs boutiques et galeries d’art qui se sont Ă©levĂ©es au statut de piliers communautaires, oĂč vous pourrez trouver des ouvrages de poĂ©sie et des livres d’art en passant par des vĂȘtements rĂ©tro et des articles de toilette fabriquĂ©s localement, de mĂȘme que des espaces de studio et des galeries rĂ©servĂ©es aux artistes. Il existe Ă©galement une scĂšne modeste, mais florissante, pour ceux qui souhaitent soutenir les entreprises locales qui aident Ă  assurer la prospĂ©ritĂ© des boutiques et galeries du quartier.

À la fois une librairie et une maison d’édition, DittoDitto, qui organise Ă©galement divers Ă©vĂ©nements et gĂšre notamment la Detroit Art Book Fair (foire du livre d’art de DĂ©troit), est situĂ©e Ă  une courte marche seulement de l’hĂŽtel Trumbull & Porter. Le site actuel de DittoDitto a ouvert ses portes en 2014; l’entreprise avait prĂ©cĂ©demment occupĂ© un petit coin du cafĂ© Trinosophes, situĂ© dans le quartier Eastern Market de DĂ©troit. « DĂ©troit a une longue tradition d’édition indĂ©pendante, notamment dans les annĂ©es 60, 70, 80 et 90 », m’explique Maia Asshaq, copropriĂ©taire de DittoDitto. Le fait que la librairie est situĂ©e juste Ă  cĂŽtĂ© d’une petite boutique de disques l’a aidĂ©e Ă  prospĂ©rer, et l’endroit constitue maintenant un excellent arrĂȘt unique pour ceux qui s’intĂ©ressent tant Ă  la musique qu’à la littĂ©rature. « Les rĂ©sidents du quartier ont Ă©tĂ© trĂšs gentils avec moi », souligne Mme Asshaq, bien qu’il s’agisse de la seule boutique du genre Ă  Corktown (l’on retrouve quelques autres librairies indĂ©pendantes dans d’autres quartiers de DĂ©troit). Sa sĂ©lection d’ouvrages de poĂ©sie est particuliĂšrement Ă©toffĂ©e, sans compter qu’elle met Ă  l’avant-plan les poĂštes locaux.

AprĂšs avoir parcouru la librairie, ne manquez pas de vous arrĂȘter dans le vaste et magique Eldorado General Store, qui appartient Ă  Mme Erin Gavle. L’aire de vente regorge de vĂȘtements rĂ©tro pour hommes et femmes, mais aussi d’articles de conception locale et indĂ©pendante. Mme Gavle, qui a grandi Ă  l’extĂ©rieur de la ville, est retournĂ©e vivre Ă  DĂ©troit aprĂšs avoir travaillĂ© pendant cinq ans dans le domaine de la publicitĂ© Ă  New York; elle a ouvert le magasin il y a deux ans. « Au dĂ©but, l’accent Ă©tait presque entiĂšrement mis sur le rĂ©tro, mais j’ai travaillĂ© trĂšs fort pour intĂ©grer les produits des artistes locaux », explique-t-elle. « Au cours de ma deuxiĂšme annĂ©e, je me suis efforcĂ©e de combler ce qui me manquait aprĂšs m’ĂȘtre procurĂ© des articles de fabrication locale, amĂ©ricaine ou Ă©quitable, des articles qui reprĂ©sentent plus que la somme de leurs parties. »

La propriĂ©taire souhaite contrer la tendance gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la mode rapide qui, selon elle, exerce une grande pression sur les ressources de la Terre. C’est la raison pour laquelle l’Eldorado est plus qu’un magasin : on y offre aussi des ateliers sur le hennĂ©, la composition florale, les bijoux et l’esthĂ©tique. Elle cherche Ă  offrir une expĂ©rience, aux visiteurs comme aux rĂ©sidents. « Il faut que les gens repartent avec de bons mots pour DĂ©troit », dit-elle. Elle espĂšre changer le paysage du quartier, et c’est prĂ©cisĂ©ment ce qu’elle a accompli en choisissant ce bĂątiment, qui Ă©tait vacant depuis 1999. « Redonner vie Ă  cet endroit, et le fait que les lumiĂšres sont maintenant allumĂ©es Ă  l’intĂ©rieur, ça a vĂ©ritablement fait une diffĂ©rence », ajoute-t-elle.

Un autre lieu qui change le paysage est le Corktown Studios, un collectif d’artistes Ă©tabli en 2012 situĂ© non loin du chemin habituel qui est reliĂ© Ă  la voie principale de Michigan Avenue. Il s’agit d’une maison Ă  deux Ă©tages qui abrite aujourd’hui neuf artistes rĂ©sidents aux disciplines variĂ©es, et oĂč l’on prĂ©sente huit expositions par annĂ©e avec ouvertures publiques et visites sur demande, de mĂȘme que des concerts.

Alisyn Malek, membre fondatrice du collectif, a choisi cet emplacement pour sa quiĂ©tude, mais aussi pour sa proximitĂ© du quartier des affaires de Corktown. Ils ont aussi collaborĂ© avec d’autres entreprises dans le cadre de certains Ă©vĂ©nements, par exemple lors de l’ouverture de la distillerie Two James, oĂč leurs artistes ont fourni les Ɠuvres d’art accrochĂ©es aux murs. Mme Malek prĂ©voit une croissance de l’activitĂ© et de la construction dans le quartier, comme l’arrivĂ©e d’un restaurant, ce qui permettrait au studio d’accueillir plus de visiteurs. « Une fois que nous saurons que l’achalandage augmentera dans le quartier, nous Ă©largirons les heures d’ouverture de la galerie », dit-elle, illustrant comment les entreprises locales peuvent soutenir et dynamiser la culture locale.

Cet esprit se manifeste dans tous les aspects de la revitalisation continue de Corktown, le quartier cherchant à se défaire de son image de « quartier qui a perdu son Tiger Stadium » et à se définir par sa culture indépendante solidement ancrée.

 

Plus d’endroits à visiter

Si vous ne restez que briĂšvement Ă  Corktown, il vous sera impossible d’essayer tous les Ă©tablissements qui mĂ©ritent de ravir votre palais. Cela dit, comme ça ne coĂ»te rien d’essayer, voici quelques-uns des coups de cƓur choisis par les rĂ©sidents. Choisissez judicieusement.

Astro Coffee est la destination incontournable du quartier en matiĂšre de cafĂ© artisanal, mais on y sert aussi des pĂątisseries, des sandwichs et des salades de grande qualitĂ© pour satisfaire votre faim au dĂ©jeuner comme au dĂźner. Essayez sans faute les cafĂ©s versĂ©s provenant de diffĂ©rentes brĂ»leries amĂ©ricaines (notamment l’Anthology Coffee, une variĂ©tĂ© locale) et assurez-vous de prendre une photo de la murale de fleurs sur le mur arriĂšre.

Detroit City Bagels est l’endroit oĂč Erin Gavle, propriĂ©taire de l’Eldorado General Store, aime savourer un dĂ©jeuner composĂ© de bacon, d’Ɠufs et d’un sandwich au fromage pour bien dĂ©marrer la journĂ©e.

L’Ottava Via, qui a Ă©lu domicile dans une ancienne banque, est un joli restaurant italien oĂč l’on sert notamment des pizzas.

Le Gold Cash Gold, un restaurant moderne tout en Ă©lĂ©gance, accorde autant d’attention Ă  sa sĂ©lection de cocktails qu’à ses plats, dont la prĂ©sentation est extraordinaire et dont les aliments proviennent souvent de sources locales.

Les amateurs de nourriture copieuse de pub seront ravis d’apprendre que le St. Cece est la rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre (on y offre mĂȘme un brunch houblonnĂ©). Non loin, vous pouvez aussi visiter le UFO Factory, un bar qui prĂ©sente parfois des concerts et qui abrite une salle de bains spĂ©cialement amĂ©nagĂ©e pour la prise d’égoportraits. L’établissement sert diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de hot-dogs vĂ©gĂ©s et non vĂ©gĂ©s, dont le Laika Dog. À l’heure du brunch, l’on sert aussi des « gaufre-dogs ».

La revitalisation de Corktown a commencĂ© avec le Slows Bar BQ et dans un souci d’inclusion, vous pouvez y dĂ©guster des options vĂ©gĂ©tariennes Ă  base de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales texturĂ©es.

Traversez la rue depuis le Slows et rendez-vous au Mercury Burger Bar pour savourer un repas dans une ambiance contemporaine, sans compter que l’endroit dispose d’un grand nombre de places assises Ă  l’extĂ©rieur. Il y a aussi le Rubbed tout prĂšs, qui sert des sandwichs et des charcuteries dans une atmosphĂšre animĂ©e. Entre deux arrĂȘts dans ces Ă©tablissements, ne manquez pas de passer par le Detroit Artifactry pour rapporter souvenirs et autres idĂ©es cadeaux.

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