Pêche sur le quai le long de la côte du golfe du Mexique en Floride

Une jolie tasse du musée d'art Ohr-O'Keefe


Photo ci-dessus : Le quai de Pensacola Beach est un endroit magnifique pour jeter sa ligne à l'eau.

Article par  Anne Roderique-Jones; photos par Nathan Jones

Anne est une rédactrice pigiste qui écrit sur les voyages, la gastronomie et les styles de vie. Elle travaille à partir de La Nouvelle-Orléans.

Même si vous ne prenez pas de poissons, vous savourerez tout de même l'expérience.

Si on m'obligeait de pêcher pour me nourrir, je deviendrais affamée en très peu de temps. Après cinq jours de pêche le long de la côte de l'enclave de la Floride, je n'avais rien capturé, même pas un mené.

Mais ce n'est pas le cas pour la plupart des gens. Bien qu'elle soit reconnue pour son superbe sable blanc et ses eaux de couleur émeraude, la côte du golfe du Mexique en Floride est également un paradis de la pêche à l'échelle mondiale. Que vous réserviez une place sur un bateau de pêche récréative ou que vous pêchiez à partir du quai, vous risquez de capturer un tassard royal, un poisson bleu, une bonite, un cobia, un sébaste et plusieurs autres espèces. En fait, Destin s'est mérité le sobriquet « Le village de pêche le plus chanceux ».

J'ai commencé à pêcher avec mon père dès ma tendre enfance. J'ai appris à mettre l'appât à l'hameçon avant même de pouvoir lacer mes souliers. Notre maison dans les Ozarks était située sur le lac Table Rock, alors nous en profitions pour pêcher au bord de l'eau. Nous passions nos vacances de famille à Pensacola à nous amuser sur les plages de sable blanc et à pêcher sur les quais. Ces voyages étaient les rares occasions où j'avais mon père tout à moi. Il n'y avait pas de réunions d'affaires, mes frères n'étaient pas encore nés et ma mère était contente de pouvoir profiter du soleil sur la plage. Lors de mon dernier voyage à l'enclave de la Floride, la première chose que j'ai faite était de m'installer sur les quais où mon père m'amenait pêcher dans l'espoir de recréer la magie d'antan. Si je n'y arrivais pas, je pourrais au moins pêcher notre souper.

Perché au-dessus des eaux les plus bleues que j'aie jamais vues aux États-Unis, le quai de Pensacola Beach à Casino Beach est 448 mètres de long. Un permis de pêche coûte seulement 7,50 $, et si vous êtes chanceux, l'escadron de démonstration aérienne, les Blue Angels, pourrait faire des manœuvres au-dessus de votre tête. Il s'est avéré que je n'ai pas été chanceuse cette journée-là. J'aurais dû me douter que la chance ne me sourirait pas lorsque j'ai constaté que j'étais la seule sur le quai à ne pas être munie d'un coffre à pêche et d'un chariot rempli d'accoutrements. Ou, lorsque le gentil monsieur qui m'a loué la canne à pêche m'a demandé si j'en voulais une de couleur rose. Ses premiers indices étaient-ils ma robe et mon chapeau à la mode? De toute évidence, ma technique et ma tenue laissaient à désirer. J'ai quitté le quai les mains vides; et déçue de ne pas pouvoir faire prendre ma photo à côté de l'affiche qui dit « J'ai pris ce poisson sur le quai de pêche de Pensacola Beach ».

Les personnes plus habiles avec une canne à pêche peuvent apporter leurs prises au restaurant Paradise Bar& Grill, où le personnel fera cuire le poisson nettoyé et le servira avec des accompagnements comme des frites, de la salade de chou et des galettes « hush puppy ». C'est exactement ce que j'avais prévu de faire, mais la seule chose que je transportais était un sac à main. Je me suis tout de même rendue au restaurant, où j'ai nourri ma peine en mangeant des aliments frits, que quelqu'un d'autre avait capturés évidemment.

Voici un fait intéressant au sujet de l'enclave de la Floride : si jamais vous revenez de la pêche les mains vides, vous pourrez vous approvisionner en poissons ultrafrais presque n'importe où. L'un des meilleurs établissements est Joe Patti's Seafood. Cette boutique est devenue une institution de Pensacola et un endroit incontournable pour ceux qui passent leurs vacances annuelles en Floride et qui disposent d'un condo doté d'une cuisine entièrement équipée. On retrace l'origine de la boutique à 1931, lorsque Joe et Anna Patti ont commencé à vendre du poisson depuis la galerie avant de leur maison. Et, leur entreprise a vite pris de l'envergure. Encore aujourd'hui, vous trouverez des membres de la famille travaillant à la boutique, au bureau et à la boutique de vin.

Mon prochain arrêt était 72 kilomètres à l'est au quai de pêche de l'île Okaloosa, construit en 1998 et presque 402 mètres de long. Il y avait une vieille cafetière communautaire tout près du bureau sur le quai, et tous les gens qui y circulaient en bavardant de pêche semblaient se connaître. Je me sentais comme un poisson hors de l'eau, avec mon rouge à lèvres et mes sandales dorées. Sur le mur, il y avait des photos de pêcheurs et pêcheuses qui posaient fièrement avec leurs prises. J'espérais me joindre à eux, mon rouge à lèvres inclus.

Impatiente de commencer, j'étais arrivée en temps pour voir le lever du soleil au-dessus de la plage. J'étais prête à prendre un poisson dont je pourrais me vanter à mes amis. Sur le coup, quelque chose m'a fait penser à mon enfance. C'était sans doute la combinaison du soleil rose qui se levait à l'horizon, du bruit des vagues, du rythme auquel je lançais ma ligne à l'eau et de la patience requise pour attendre un poisson. La patience n'a jamais été mon point fort.

J'ai grandi en pêchant avec mon père, mais j'ai abandonné à l'adolescence, étant beaucoup plus intéressée par mes amis que la pêche. J'ai déménagé à San Francisco afin de poursuivre mes études universitaires. Et, plus tard, je me suis installée à New York pour poursuivre ma carrière. J'ai échangé ma canne à pêche pour des escarpins.

C'était à ce moment précis sur le quai que j'ai compris l'attrait de la pêche. Cette activité qui avait incité mon père à mettre de côté son habit et sa cravate et même à prendre une pause de sa vie mouvementée, pour quelques heures du moins. Voilà que je ressentais moi-même cet attrait; j'étais vraiment heureuse d'avoir mis de côté mes escarpins. De plus, j'ai réalisé que profiter pleinement du moment était plus important que d'avoir sa photo sur le mur. Encore une fois, je n'ai rien pris.

Je suis bientôt arrivée au quai de Russell-Fields dans Panama City, 80 kilomètres à l'est de mon arrêt précédent. Ce quai a décidément un cachet plus touristique avec un stand de boissons tropicales, des tables au bord de l'eau pour déguster des gâteaux d'entonnoir et le restaurant Hook'd Pier Bar & Grill qui fera cuire votre prise. (Évidemment, c'est le cas si la chance vous a souri.)

Sur la barrière à l'entrée, il y avait une seule photo pâlie d'un homme qui tenait son cobia primé. En plissant les yeux, j'aurais pu le prendre pour mon père. En me déconnectant de la réalité, j'aurais pu le prendre pour moi. Au lieu de louer une canne à pêche, j'ai payé le prix d'entrée de 3 $ et me suis contentée de profiter pleinement du spectacle qui se déroulait devant moi.

Mon père, qui n'est plus avec moi, m'a toujours dit que la vie est une collection d'expériences et non une accumulation de choses. J'ai pris de temps de contempler la superbe eau bleu-vert; de respirer l'air salin; et d'écouter les cris des oiseaux et le bruit des vagues déferlantes.

Mon voyage s'est terminé au quai de pêche de Navarre Beach situé dans une ville endormie juste à l'extérieur de Pensacola, tout près d'où mon voyage a commencé. Les habitants vous rappelleront qu'il s'agit du plus long quai de la Floride, s'étendant sur 471 mètres. Après avoir payé le prix de location de 7 $, j'ai fièrement demandé pour la seule canne à pêche rose. Si je n'allais pas prendre un poisson, j'étais aussi bien de profiter de l'expérience.

Connexes

Voir tous les articles

Lisez d’autres histoires sur le Floride.