La phénoménale baie de Fundy

Le phare du cap Enragé au lever du soleil.

Le phare du cap Enragé au lever du soleil.


Article et photos par Charles Williams

Charles est un photographe et chroniqueur de voyages passionné qui collabore avec l’équipe de la marque Enterprise. Envoyez un courriel à l’auteur.

Les communautés côtières du Nouveau-Brunswick vivent au rythme de l’océan, ce qui offre une expérience inoubliable.

Grâce à ce monde féérique de rochers en forme de pots de fleurs, de chutes réversibles et de baleines qui soufflent des arcs-en-ciel de leur évent, j’ai redécouvert la joie de voyager.

Et, au moment même où je croyais avoir tout vu, quelque chose d’étrange s’est produit : l’océan est disparu. J’aurais pourtant dû m’y attendre, car cela se produit deux fois par jour, chaque jour, le long de la côte est du Nouveau-Brunswick.

La baie de Fundy est un plan d’eau magique situé entre les provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Ici, les changements de marée sont les plus importants à l’échelle de la planète, avec une amplitude de 15 mètres aux 6 heures et 13 minutes. Cela est plus haut qu’un immeuble de quatre étages.

Durant une période de 12 heures, 100 milliards de tonnes d’eau montent et descendent dans la baie. Le roulement continu de l’eau et de la boue est si grand que les marées forment des « rivières de chocolat ».

Ces marées ont une incidence marquée sur les communautés côtières du Nouveau-Brunswick. C’est comme si dame nature s’amusait à taper constamment sur l’épaule des habitants pour leur rappeler qui établit l’ordre du jour. Les gens de la région acceptent le phénomène comme une réalité de la vie; les voyageurs ne devraient pas s’y buter non plus. Saisissez une carte des marées et laissez-vous emporter par votre sens de l’aventure.

Les rochers Hopewell offrent une vue privilégiée sur le spectacle impressionnant des variations de marée. En 1936, lors de sa visite des lieux, Robert Ripley de « Ripley’s Believe It or Not » (Croyez-le ou non! de Ripley) a déclaré que les 17 formations distinctes et autonomes – des colonnes de grès en forme de gobelets dont le sommet était garni d’arbres – étaient les plus gros pots de fleurs au monde. Ce nom leur est resté.

Durant la marée basse, l’océan se retire tellement loin que d’énormes crevasses apparaissent dans les bancs de boue peu avant recouverts d’eau. Au cours de mes voyages, je n’ai jamais été témoin d’un changement de paysage aussi spectaculaire dans une période de temps aussi courte.

Les pêcheurs du Nouveau-Brunswick luttent pour rester à flot, littéralement. Des bateaux quittent régulièrement Alma pour pêcher le homard, le pétoncle et l’églefin; mais quelques heures plus tard, ceux qui n’ont pas pris la mer reposent sur des blocs dans le port drainé. À Saint John, une série de rapides se jettent dans la baie, mais lorsque la marée s’élève, la rivière change de direction créant l’illusion de « chutes réversibles ».

Partout dans la région, le voile aqueux se retire pour exposer les mares d’eau de mer, les algues marines et même les grottes secrètes de St. Martins. Cependant, les effets des mouvements dans la baie se répercutent bien au-delà des communautés côtières.

L’agitation de l’océan produit des sources de nourriture pour les baleines. Jusqu’à 12 espèces visitent la baie en été, y compris le rorqual à museau pointu, le rorqual commun, la baleine à bosse et la baleine noire de l’Atlantique Nord, qui est en voie de disparition et que j’ai eu la chance de voir de près.Les excursions d’observation des baleines partent de St. Andrews, considérée comme l’une des villes les plus charmantes en Amérique du Nord. N’hésitez pas à faire une petite folie et à prendre un bateau. Très peu d’expériences sont capables de rivaliser avec celle d’entendre respirer une énorme baleine, puis de la voir se glisser silencieusement sous la surface de l’eau.

Pour comprendre certains des défis auxquels les marins sont confrontés, rendez-vous en voiture au phare du cap Enragé, qui met les marins en garde contre les dangereuses falaises rocheuses. Un phare et une alarme de brouillard fonctionnent ici depuis 1838. Le phare actuel a 140 ans, et son perchoir, qui se trouve à environ 50 mètres au-dessus du niveau de l’eau, offre des vues spectaculaires.

Le parc national Fundy du Canada chevauche la baie et abrite 28 sentiers de randonnée pédestre, dont plusieurs longent la côte ou sillonnent les forêts. De nombreux sentiers aboutissent à de splendides chutes d’eau isolées. À l’automne, les érables, les bouleaux jaunes, les trembles et les hêtres explosent en de flamboyantes couleurs. Le parc se trouve le long du couloir de migration atlantique pour les oiseaux, et plus de 260 espèces ont été recensées dans cette région.

Si vous préférez les promenades en voiture aux randonnées pédestres, explorez la promenade du Sentier Fundy qui débute à St. Martins et qui longe la côte pittoresque en direction du parc, passant devant des belvédères, des plages et une passerelle suspendue. Finalement, cette magnifique étendue de route aboutira directement dans le parc national.

Et ultimement, tous les chemins semblent mener à un pont couvert en bois. Enjambant des ruisseaux partout dans le Nouveau-Brunswick, ces structures vieillies confèrent un charme enchanteur et nostalgique à la beauté paisible de la campagne.

La joie qui vient de la découverte pousse les voyageurs à prendre des risques et à explorer des destinations inconnues. La baie de Fundy récompense cette envie avec ses marées dramatiques, son incroyable faune sauvage et ses paysages spectaculaires. En tant qu’explorateurs modernes, nous savons que rien ne se compare à trouver un endroit fascinant qui est quasi-inconnu, du moins pour le moment.

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